S’il y a une aptitude que nous gagnerions tous à développer à notre époque chahutée, en particulier face à l’escalade actuelle de la violence largement relayée par les médias sociaux, c’est bien la capacité à mettre de l’HARMONIE dans nos existences et dans nos relations.
L’évolution actuelle de nos modes de vie ne facilite pas l’accès immédiat, spontané, à la sérénité et à l’harmonie. Nous nous sentons constamment agressés de toutes parts, parfois à juste titre, et n’avons jamais autant couru dans tous les sens, sans bien savoir après quoi… Au lieu d’être, nous sommes en devenir, nous laissant trop souvent submerger par des choses somme toute superflues.
Le point positif, c’est que dans une logique d’équilibre en mouvement, cette évolution contient en elle-même les germes du changement. Plus l’être humain se trouve en déséquilibre, plus il ressent généralement le besoin de chercher au fond de lui des solutions pour retrouver son équilibre, d’une manière ou d’une autre. C’est une question de survie… ou de sur-vie, comme dirait Joël de Rosnay !
- L’excès de violence nous fait aspirer à la paix,
- L’excès de routine à l’aventure,
- L’excès de nourriture à la diète,
- L’excès de bruit au silence,
- L’excès de corruption à la transparence et à l’intégrité,
- etc.
Essayons donc de comprendre ce qui fait obstacle à l’harmonie dans nos vies.
Mon métier d’accompagnement au changement me met constamment au contact des nombreuses tensions qui règnent au sein des organisations et plus largement, de la Société. Des tensions qui prennent toutes les formes que l’être humain est capable d’imaginer et qui pourraient souvent être évitées si nous prenions conscience des sentiments et attitudes qui en sont à l’origine, parmi lesquels :
- Le sentiment de peur, d’être en danger, d’être agressé,
- Le manque de confiance en soi, en l’autre, en l’avenir,
- La difficulté à vivre l’instant présent,
- Le besoin excessif de reconnaissance,
- Egalement le besoin d’avoir toujours plus, et pas forcément de ce qui nous est nécessaire pour vivre heureux. Quand on a peur du vide, on le comble…
Tout cela ne fait que générer une tension de fond, qui nous met mal à l’aise et crée le malaise autour de nous. Et au lieu d’aller vers l’autre pour ce que nous pouvons nous apporter mutuellement, nous nous en méfions, voyant souvent en lui une menace plus qu’une opportunité. Progressivement, nous devenons des insatisfaits chroniques, des frileux, des individualistes, des agressifs en puissance, méfiants de tout et de tous, donc en mode repli ou en mode attaque selon la situation…
Ces sentiments et attitudes sont particulièrement toxiques et ont largement empoisonné notre Société et nos organismes, et pas seulement au sens figuré ! Nos corps et nos esprits en prennent « plein la figure », avec à la clef nombre de déviations comportementales.
Amusant, au moment même où j’écris cet article, confortablement installé dans le lobby d’un hôtel parisien, mon oreille se tend vers deux clients qui discutent avec la réceptionniste. L’un dit à l’autre que les taxis parisiens sont agressifs, l’autre lui répond, « Je crois plutôt qu’ils sont tendus… ».
La parade à cette fâcheuse dérive ?
Apprendre à nous libérer de nos tensions en développant en nous le plus puissant des sentiments : la CONFIANCE.
Mais attention, la confiance n’est pas l’illusion de confiance. Il ne faut pas se tromper, la confiance véritable est supérieure, intangible, pérenne, détachée de l’ego et possède une puissance positive extraordinaire.
La vraie confiance ne s’affiche pas tel un trophée, elle rayonne naturellement. Elle est une énergie qui puise sa source au plus profond de chacun d’entre nous, dans notre divinité intérieure et notre connexion à tout l’univers. Une connexion dont nous n’avons que rarement conscience…
Seule cette confiance qui n’a rien à prouver, qui s’ancre dans le moment présent, faisant fi du temps passé et futur, peut développer en nous le sentiment d’harmonie.
Pour que cette confiance s’installe, il nous faut comprendre ce qui lui fait obstacle, à savoir : le sentiment de DUALITÉ. A chaque fois que nous nous désolidarisons, mentalement, matériellement, de ce qui nous entoure, nous laissons s’installer en nous ce sentiment nocif qu’est la dualité.
Si votre patron, votre collègue, votre collaborateur, votre fournisseur, votre client, votre banquier, votre boulanger, votre maire, votre conjoint(e) ou je ne sais qui d’autre vous exaspère, ce n’est pas en les jugeant et en les considérant comme vos ennemis, en vous opposant frontalement à eux que vous règlerez la situation, du moins dans la durée. Pour une raison simple, c’est que vous ne ferez qu’augmenter la dualité par un effet de ping-pong ou de yoyo. Les résistances engendrent les résistances.
Si vous êtes attaqué(e), ne fuyez pas mais défendez-vous tel un guerrier de la paix, c’est-à-dire : avec autant de force, d’engagement et de courage que de respect et de bienveillance. Paradoxal ? Non, complémentaire !
Apprenez à NEUTRALISER plus qu’à fuir ou à détruire. Et pour neutraliser, il faut être fort soi-même, fort et fluide. C’est de cette grande idée qu’est né l’Aïkido, art martial et pourtant art de la paix. Détruire ne peut être que la solution ultime, lorsque l’on a tout essayé, lorsqu’on n’a plus d’autre choix pour sauver sa peau. Le terrorisme peut nous y conduire parfois.
Ce n’est pas parce que l’histoire de l’humanité est jalonnée de conflits de toutes sortes, à l’origine de tant de souffrances, que ceci est une fatalité. Rien de pire que de se laisser convaincre que l’histoire se reproduit, cela laisserait à penser que nous et nos descendances sommes d’ores et déjà condamnés à souffrir éternellement. Je n’y crois pas, nous avons plus de pouvoir que cela !
Il est parfaitement possible d’installer l’harmonie partout dans notre vie et nos relations, ne laissons jamais personne nous convaincre du contraire… L’immense majorité de la population mondiale ne demande d’ailleurs que cela ! Et pour parvenir à éloigner de nous la violence environnante, nous devons tout faire pour neutraliser d’abord la violence qui est en nous. C’est bien à l’intérieur de nous-mêmes que tout se joue, il n’y a rien à chercher à l’extérieur…
Ayons conscience que l’espère humaine est une et non plurale. Chaque être humain est lié à nous-même et à notre devenir collectif.
A chaque fois que nous entretenons les différences, les particularismes, les communautarismes, nous encourageons la division et immanquablement les conflits. A chaque fois que l’esprit de compétition l’emporte sur la coopération, la relation devient bancale, fondée sur le « gagnant-perdant », qui ne stimule qu’une chose, l’envie de vengeance. Le cycle devient alors interminable, infernal.
Nous voulons de l’harmonie ? Alors cessons de juger, d’opposer, de comparer, de mesurer. Apprenons plutôt, à chaque fois que possible, à construire ensemble sur ce qui nous réunit plutôt que ce qui nous sépare, en nous respectant, en pratiquant la bienveillance, tous autant que nous sommes.
Apprenons à installer la confiance profondément en nous, en relativisant chaque chose, en dominant nos peurs pour nous en libérer, en nous renforçant de l’intérieur par le corps, par le cœur et par l’esprit, et en aimant toujours plus au lieu de détester toujours plus ! Nous en profiterons et les générations qui nous suivent également.
Quant à changer les autres, il ne nous appartient pas de le faire. En revanche, meilleur(e) nous serons, plus nous augmenterons les chances d’inciter les autres à le devenir. Quel que soit le temps que cela prenne !
C’est aussi, et surtout cela, le Leadership par l’Equilibre !