Qu’est-ce-que la motivation, exactement ?
Et si je vous disais que ce n’est pas forcément une notion floue. Que le chemin de cette dernière dans notre cerveau est désormais connue des neuroscientifiques.
Il y a toujours une tâche, un projet, un objectif à atteindre. Et ce qui a permis d’avancer dans un cas A n’est pas forcément utile pour le scénario B. Pire, même ce qui marche pour A ne dure pas bien longtemps pour nombre d’entre nous. «Ah, si seulement j’avais plus de motivation…», pensons-nous alors.
Une erreur fondamentale se niche souvent dans la conception que nous avons de la motivation.
Selon certains chercheurs en neurosciences (1), la motivation n’est pas une ressource. Ou du moins pas comme la réflexion courante qui entoure le sujet. Il s’agit plutôt d’une réponse à des stimuli, mais cette réponse n’a pas toujours la même amplitude. Les diverses zones du cerveau impliquées dans le processus réagissent selon le type de stimuli, et dirigent notre action vers la productivité de différentes manières.
Analyse d’un stimulus et ses différentes conséquences sur la motivation.
Depuis plusieurs années déjà, une myriade d’études scientifiques a mis en évidence le rôle de la dopamine dans le processus de genèse de la motivation. Lorsqu’il est produit, ce neurotransmetteur qui relaie les signaux entre neurones se déplace vers le noyau accumbens. Il s’agit d’une zone du cerveau qui intervient dans le système de récompense.
Et lorsque la dopamine s’y retrouve, la situation à l’origine de sa production est interprétée soit sous les auspices d’un événement plaisant à venir, soit sous celles d’une situation future désagréable.
Cette prédiction nous incite alors à réagir dans la perspective de «minimiser la menace pressentie ou maximiser une récompense. La potentielle récompense».
Supposons un instant que votre supérieur vous envoie un e-mail avec une nouvelle mission. La dopamine agira au niveau du noyau accumbens pour former une prédiction de ce qui se passera si vous accomplissez la mission ou non. Si vous faites bien votre travail ou non. Dès lors, vous agirez soit dans le sens d’une augmentation de la probabilité de récompense (prime, bonus, éloges, sentiment d’accomplissement), soit pour diminuer la probabilité de punition (rétrogradation, sermon, sentiment d’échec).
Nous sommes donc tous des êtres motivés par la promesse d’une récompense ou la crainte d’une punition.
Mais quel lien avec la confiance en soi ?
Face aux défis, face à l’adversité, quel est votre état d’esprit ?
- Avez-vous envie de vous dépasser ? D’en ressortir plus fort ?
- Ou voulez-vous simplement éviter l’échec ?
Des chercheurs ont mis en évidence que la réponse à cette question détermine en très grande partie votre productivité dans une occurrence donnée.
En effet, Murayama et Elliot en 2012 (2) ainsi que Burnette et ses collaborateurs en 2013 (3) ont identifié une corrélation positive entre le désir de victoire et la productivité. Inversement, le simple fait de vouloir éviter un échec tend à réduire la motivation.
Or la volonté de vaincre n’est pas une chose qui se manifeste lorsqu’on doute de soi. Lorsque la peur domine, lorsque l’esprit a perdu son équilibre. Elle vient plutôt d’un esprit compétent et pleinement conscient de son aptitude à résoudre le problème qui se pose.
C’est la plénitude de cette conscience qu’on appelle la confiance en soi. Et c’est elle qui va forger votre mental, vous faire envisager la situation sous la perspective d’une victoire, d’une réussite. Et non sous celle d’un évitement de l’échec…
De plus, l’objectif d’éviter un échec ou une sanction est évidemment peu stimulant.
Pour qu’un objectif permette un shoot de dopamine important, déclenchant ainsi la motivation, il se doit d’avoir un certain niveau de difficulté.
Imaginez deux jeux vidéo de course.
- Le premier a comme objectif de battre votre précédent record en atteignant 210 km/h en moyenne ou de gagner des places dans la compétition.
- le second jeu vidéo consiste juste à ne pas passer sous la barre des 30 km/h et à simplement terminer la course, peu importe le résultat.
Vous pouvez aisément imaginer lequel de ces deux jeux motiverait le plus les joueurs.
En quoi la motivation et la confiance en soi s’équilibrent pour créer un cercle vertueux ?
Plus l’on perçoit une tâche ou un travail comme peu gratifiant, peu stimulant, voire dévalorisant, moins l’on sera enclin à s’y adonner avec entrain.
C’est ici que la confiance en soi intervient. En effet, une bonne estime de soi permet de se sentir plus ancré dans ses principes et ses valeurs. La conséquence directe est que vous avez cette sensation d’être à votre place, en harmonie avec vous-même et avec votre environnement (professionnel, amical…).
Cet appel de votre inconscient (le surmoi) vous encourage à être constamment en mouvement.
Un mouvement qui, associé à la recherche de l’exigence et du dépassement de soi, aura pour conséquence de vous motiver et déclenchera un shoot de dopamine à chacun de vos succès, aussi minimes soient-ils. Le cerveau s’habitue et réclame son shoot de dopamine en atteignant un nouveau succès.
Chaque succès développe inévitablement votre confiance en vous, ce qui vous aide à être plus ancré dans vos valeurs, à rester en mouvement et à oser vous dépasser.
Mieux, vu que votre perspective n’est pas centrée sur l’échec (ou du moins la peur de l’échec), il sera vécu comme faisant partie du processus d’apprentissage au cas où il se produirait.
En aïkido, il est essentiel de surmonter la peur du déséquilibre, la chute est une esquive et/ou un apprentissage. En aucun cas un échec.
Source:
- (1) Neuroscientific Model of Motivational Process du docteur Sung-il KIM
- (2) Competition and performance: more facts, more understanding? Comment on Murayama and Elliot (2012)
- (3) Mind-Sets Matter: A Meta-Analytic Review of Implicit Theories and Self-Regulation